Quelques données

sur le réseau ACLAAMaclaam lyon

Un extrait d'une étude très intéressante réalisée fin 2022 par un membre du conseil d'administration (Etienne Béchaux) de l'ACLAAM qui montre l'évolution importante de ce réseau créé seulement fin 2015 et dont Habitat Saint Roch fait partie.
D'autres éléments sont disponibles si vous le souhaitez.

 

Un peu d’histoire

 

Le réseau Aclaam est né à la conjonction de deux séries d’événements des années 2014 - 2015:

  • L’afflux de réfugiés d’Irak et de Syrie chassées par Daech en 2014 ; sous l’égide du jumelage Lyon-Mossoul, des familles se sont mobilisées pour accueillir des réfugiés chez elles et paroisses ou communautés religieuses ont mis à disposition des locaux.
  • L’accueil des migrants laissés à la rue après l’évacuation de camps et de squats de l’agglomération lyonnaise grâce à l’action d’un prêtre du diocèse de Lyon, Bruno-Marie Duffé et d’une équipe de militants laiques et chrétiens. Six paroisses ont ainsi accueilli une soixantaine de personnes laissées à la rue à la suite de l’expulsion d’un camp à Saint-Fons en 2014. En 2015, ce sont 160 personnes évacuées d’un squat qui sont logées dans une usine désaffectée avec le soutien logistique du diocèse de Lyon, puis dans des locaux paroissiaux, chez des particuliers, dans des campings…

Il fut alors décidé au niveau du diocèse en juillet 2015 de créer une équipe - qui deviendra l’Aclaam - pour se mettre au service des structures locales et paroissiales qui venaient de se former.

Ces différentes initiatives furent confortées et amplifiées par l’appel du Pape François du 6 Septembre 2015 qui disait : « Je lance un appel aux paroisses (…) à manifester l’aspect concret de l’Evangile et accueillir une famille de réfugiés ».

Aclaam est désormais constituée d’un réseau de 53 associations, dont les 2/3 sont situées sur le territoire de la métropole lyonnaise et les autres dans le Rhône. Ces associations – toutes de taille modeste avec une quinzaine de bénévoles actifs - sont dans leur très grande majorité d’origine paroissiale, plusieurs de religion protestante, quelques-unes totalement laïques.

Aclaam est animée par deux salariées, Clémentine Gagnant et Sol Fernadez-Buman ; l’association compte 50 membres.

Quelques chiffres « parlants »

Si l’on veut avoir des chiffres « faciles à retenir »  :

  • Les 750 bénévoles des 53 associations du réseau Aclaam accueillent 900 exilés.
  • Les enfants représentent 50% de la population.
  • Ces exilés viennent pour 50% de l’Europe (Balkans et Europe de l’Est), 25% du Moyen-Orient et 25% d’Afrique.
  • La moitié est hébergée dans des logements autonomes, l’autre moitié est accompagnée sans être hébergée.
  • Les exilés sont accueillis pour 25% à Lyon-Villeurbanne, 55% dans le péri-urbain, 20% en zone rurale.
  • 45% des accueillis sont en situation régulière, 15% « attend ses papiers », 40% sont déboutés.
  • La population accueillie depuis plus de 4 ans représente 50% de la population totale des associations les plus anciennes.
  • Une association en moyenne est composée de 14 membres et accueille 17 personnes (soit presque un bénévole par personne accueillie).
  • Les bénévoles d’une association consacrent 500 heures par an pour les exilés, soit l’équivalent d’un plein temps.
  • Le réseau Aclaam, c’est l’équivalent d’au moins 53 salariés.
  • Le budget annuel moyen d’une association est de 15.000 €, auquel s’ajoute la valorisation du bénévolat et la mise à disposition de logements, soit un total de 38.000 €.
  • Le coût est de 10 € par personne et par an, 3 fois moins que le prix de journée alloué par l’Etat aux organismes habilités.
  • 50% du budget des associations est consacré au logement ; 25% du temps des bénévoles est passé en démarches administratives
  • La moitié des personnes hébergées depuis plus de 4 ans est en situation régulière et travaille, mais ne trouve pas de logement.

 

Pour en savoir plus ….

 

Des bénévoles très investis

Au 31 décembre 2021, le réseau des 53 associations Aclaam accueille 820 exilés (tableau 1) dans le Rhône et la Métropole de Lyon. Depuis lors 11 des associations accueillent également 86 Ukrainiens

Les associations sont toutes très locales et de petite taille, comprenant une quinzaine de bénévoles (tableau 3) chacune. Les associations hébergent pratiquement toutes au moins une famille, mais compte tenu du prix des logements elles ont diversifié leur action en accompagnant désormais des familles sans les loger (tableau 2). Au total la moitié des exilés accueillis est hébergée, l’autre moitié est « seulement » accompagnée sans être hébergée ; cette répartition varie selon la localisation de l’association et sa taille : les grosses associations sont plus « hébergeuses » (elles ont plus de moyens), tout comme les associations du Rhône (les 2/3 des accueillis sont hébergés) car le prix du logement y est plus faible (tableaux 5 et 9)

L’action des associations est très personnalisée et multiple. En effet, en moyenne, les 15 bénévoles hébergent 8 exilés et en accompagnent 8 autres. Le temps de bénévolat est de presque 1.500 heures, soit pratiquement un temps plein salarié. 35% du temps est consacré à l’aide quotidienne (trajets, courses, visites…)et 25% aux démarches administratives des accueillis. Si le budget moyen annuel d’une association est de 14.000 €, les dépenses monétaires n’entrent que pour 40% dans le total des coûts (38.000 €) si l’on valorise (au Smic) le temps de bénévolat et les mises à disposition de logement (tableaux 7 et 8). Le « prix de journée » d’hébergement ainsi valorisé est 9,10 €, à comparer aux 31 € en centre d’hébergement et de réinsertion social (CHRS).

Le sujet majeur est le logement : il absorbe 53% de budget des associations, deux fois plus que les dépenses de la vie quotidienne ; le manque de ressources est le facteur le plus limitant dans l’hébergement de nouvelles familles.

Il s’agit d’un accueil inconditionnel en accueillant des exilés :

- de toutes origines, une population venant de 36 pays et trois continents différents (Afrique, Europe de l’Est et des Balkans, Moyen-Orient)

-de tous statuts administratifs. Si un peu moins de la moitié (47%) de la population accueillie a un titre de séjour, et 15% est en demande d’asile, 38% se trouve en situation « irrégulière». Deux chiffres illustrent l’engagement des bénévoles : 47% du total des hébergés sont déboutés. On pourrait penser que ce taux élevé est le fruit de la générosité des associations « qui n’osent pas remettre à la rue les familles qu’elles accompagnent depuis de nombreuses années et malheureusement déboutés ». Mais 60 % des nouveaux hébergés en 2021 sont en situation irrégulière (65% dans le Rhône) ! Illustration de l’accueil inconditionnel (tableaux10 et 15) où les bénévoles viennent au secours d’exilés « d’en bas de chez eux ».

- pendant longtemps voire très longtemps puisque 32% des accueillis le sont depuis plus de 4ans (tableau13), chiffre qui atteint presque 50% pour les associations les plus anciennes.

 

Une population très diverse, qui se renouvelle peu.

Stabilité Européenne, décrue Moyen-Orientale, arrivée Africaine. L’origine des exilés est variée. Ainsi la population accueillie la plus nombreuse est Européenne (46%) originaire des Balkans (35%) et de l’Est (11%). En seconde position vient la population venant du Moyen-Orient (23%) et en troisième celle arrivant d’Afrique (23%) (tableau 11). Si on se focalise sur les seuls hébergés, les Européens sont 57% des hébergés (40% des Balkans) 22% viennent d’Afrique et 21% du Moyen-Orient. Il y a donc une certaine permanence des Européens : 60 sont hébergés depuis plus de 4 ans et 50 depuis moins d’un an. La population Moyen-Orientale semble décroitre (les hébergés depuis plus de 4 ans sont 26 et ceux hébergés depuis moins d’un an sont 14 ; alors que la population Africaine croît les (hébergés depuis plus de 4 ans sont 15, et les « moins d’un an », 32). (Tableaux 16 et 17)

Un accueil qui s’inscrit dans la durée : En moyenne les familles sont accueillies depuis plus de 2 ans ½, l’accompagnement durant presque 3 ans. Il est significatif que 1/3 des exilés accueillis le soit depuis plus de 4 ans (tableau 13). Hébergement au long cours pour au moins deux raisons : d’une part la difficulté à l’obtention d’un titre de séjour, particulièrement pour les Européens hébergés qui à 62% sont déboutés, et d’autre part par la difficulté à obtenir un logement pour les personnes ayant un titre de séjour : 50% des personnes hébergées depuis plus de 4 ans ont un titre de séjour (42% déboutés et 9% sont « en cours de validation ».) (Tableaux 14 et 15). Notons également que les exilés Moyen-orientaux hébergés, qui à 82% sont régularisés (tableau 18), représentent 26% du total des hébergés depuis plus de 4 ans.

L’importance des familles avec enfants.

La population accueillie est d’abord une population familiale avec enfants : si « seulement » 65% des foyers accueillis ont des enfants, ils représentent à eux seuls 85% de la population (tableau 21). Tant et si bien que les 345 enfants forment 48% de la population accueillie et pour 180 d’entre eux 52% des hébergés (tableau 9). Ils sont135 (39% du total) à avoir des parents en situation irrégulière. Il s’agit là de la population la plus vulnérable. 98 sont Européens, c’est-à-dire 72% du total des enfants « irréguliers ». Ils font partie de fratrie de 2 à 3 enfants (2,4 en moyenne) sans que la taille de ladite fratrie soit différente selon l’origine géographique des parents (2,5 pour les Balkans) (tableaux 21 et 22).

Héberger des exilés qui sont déjà là.

58 % de la population accueillie en 2021 est « sans titre de séjour régulier » (tableau 15), c’est-à-dire que ces exilés sont déboutés de leur demande d’asile, et sont donc déjà sur le territoire Français. Rares en fait sont ceux dont le dossier est en instruction (18%), dont on peut inférer qu’ils viennent d’arriver. Autrement dit, les associations accueillent une population déjà installée localement, parfois depuis de nombreuses années. Il s’agit tout simplement d’intégrer des exilés.

 

Les tableaux récapitulatifs sont visibles ici  

 

 

 

 

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